Les Vaudois et les Vaudoises sous curatelle de portée générale ne seront toujours pas des citoyen·nes comme les autres

Le 30 novembre, comme nous l’indiquions dans notre infolettre 47, les Vaudois·es avaient l’occasion de mettre un terme aux discriminations en matière de droits politiques contre les personnes sous curatelle de portée générale en situation de handicap psychique ou mental. Iels ne l’ont malheureusement pas fait, confirmant le rejet de l’égalité citoyenne et de l’inclusion de manière cinglante, à plus de 71 % des votant·es. Visiblement, les arguments des opposant·es ont fait mouche : les personnes sous curatelles de portée générales ne pourraient pas donner leur avis éclairé sur les affaires de l’État, étant donné qu’elles seraient dépendantes, influençables, voire incapables de comprendre les enjeux des objets soumis à votation.

Nous ne souscrivons bien sûr pas à ce point vue et nous constatons que les questions du discernement, de l’inclusion et des présupposés validistes doivent être à nouveau posées et développées. Ce que nous ferons par ailleurs.

Pour l’instant, dans un esprit de solidarité et de convergence des luttes, nous souhaitons simplement rappeler ici que les opposant·es au droit de vote des femmes mobilisaient les mêmes arguments que ceux mobilisés par celleux qui craignent l’entrée en politique des personnes en situations de handicap psychique ou mental : influençables et sous la tutelle de leur mari (selon le code civil jusqu’en 1985), les femmes seraient incapables de voter ou pire d’être élues ! Après de longues mobilisations, les femmes votent, depuis 1959 dans le canton de Vaud et depuis 1971 en Suisse. Ne baissons donc pas les bras et gageons que suivant l’exemple des cantons de Genève et d’Appenzell Rhodes-Intérieures où les personnes sous curatelles de portée générale votent respectivement depuis 2020 et 2024, d’autres cantons et la Confédération réaliseront la pleine participation politique pour toutes les personnes en situation de handicap psychique ou mental.